MINIMALISME
Né aux États-Unis au milieu des années 60, interprété comme une réaction au débordement subjectif de l'Expressionnisme abstrait et à la figuration du Pop art, le Minimalisme est caractérisé, entre autres, par un souci d'économie de moyens.
Il hérite du célèbre principe de l'architecte Mies Van der Rohe « Less is more », des œuvres de Malevitch, et reconnaît le peintre abstrait Ad Reinhardt comme l'un de ses pionniers avec Franck Stella dont Carl Andre décrivait les peintures à bandes : « L'art exclut le superflu, ce qui n'est pas nécessaire.
Pour Franck Stella, il s'est avéré nécessaire de peindre des bandes. Il n'y a rien d'autre dans sa peinture. Franck Stella ne s'intéresse pas à l'expression ou à la sensibilité. Il s'intéresse aux nécessités de la peinture.Ses bandes sont les chemins qu'emprunte le pinceau sur la toile. Ces chemins ne conduisent qu'à la peinture.
Le Minimalisme regroupe des artistes tels que Donald Judd, Carl Andre, ainsi que Robert Morris et Sol Le Witt, mais qui vont s'en détacher rapidement.
Si la sobriété extrême est bien l'une des qualités communes à l'œuvre de ces artistes, elle ne constitue pas, selon eux, un but en elle-même.
L'insistance sur cette caractéristique, qui présente leurs œuvres sous l'angle de la pauvreté, leur paraît un jugement réducteur au point qu'ils rejetteront l'appellation de Minimalisme ou d'Art minimal. En fait seule la représentation de l'œuvre est minimale, ce n'est pas un art de la réduction mais plutôt une nouvelle expérience artistique débarrassée de tout effet illusionniste.
Leur travail et leur réflexion portent avant tout sur la perception des objets et leur rapport à l'espace.
Leurs œuvres sont des révélateurs de l'espace environnant qu'elles incluent comme un élément déterminant. Ainsi, si Robert Morris ou Carl André réalisent des pièces qui matérialisent cet espace, c'est en le teintant de lumière que Dan Flavin lui procure une consistance.
Ne faisant qu'un avec l'espace, ces œuvres insistent sur la globalité des perceptions. Elles rejoignent par là certaines thèses de la philosophie et de la psychologie modernes.
Le Minimalisme a profondément marqué l'évolution de l'art contemporain. Incarnant la tendance américaine dominante à la fin des années 60, il a suscité de nombreuses réactions.
Ainsi, dès sa naissance, le mouvement Arte Povera – qui se fonde sur la conscience politique de l'artiste et une idée de la « pauvreté » de l'art dans le sens d'une précarité nécessaire – s'est opposé directement à la sophistication volontairement froide et neutre du Minimalisme.
Mais le Minimalisme est aussi à l'origine d'une part importante de la sculpture contemporaine et de l'Art conceptuel – lequel prolonge le souci d'économie de moyens jusqu'à privilégier l'idée sur la réalisation.
Son influence se retrouve jusque dans le design actuel, par exemple dans les créations des frères Bouroullec.