TEXTES SOURCES
Gérard Chauvin
INVENTAIRE
ACCUEIL
Contact
Une scénographie qu'est-ce que c'est

UNE SCENOGRAPHIE, QU'EST- CE QUE C'EST :
(Inventaire réalisé par G.Chauvin en septembre 2006)

  1. SCENOGRAPHIE ET THEATRE
  2. THEATRE, SCENOGRAPHIE ET INSTALLATION
  3. LA PLACE DU SPECTATEUR
  4. LECTURE ARBORESCENTE DANS L'ESPACE
  5. L'EXPOSITION
  6. LECTURE DE L'ŒUVRE
  7. ECRITURE D'UNE SCENOGRAPHIE
  8. LE COMMISSAIRE D'EXPOSITION
  9. COMMUNICATION
  10. SCENOGRAPHIE ET MISE EN ŒUVRE

INVENTAIRE TRAVAUX DE SCENOGRAPHIE

1 -SCENOGRAPHIE ET THEATRE
La scénographie d'exposition s'apparentant par beaucoup d'aspects au théâtre et l'installation, sur le plan du temps et de l'espace ayant un rapport avec le théâtre, les expériences conjointes et menées parfois parallèlement se révèlent complémentaires.

2 -THEATRE, SCENOGRAPHIE ET INSTALLATION
De toute évidence, des rapports se sont établis entre les trois formes d'expression sur la base de raisonnements conjoints : Le temps réel, la mise en espace d'objets et de matériaux, le travail avec le vivant (spectateur / acteur), auquel il faut ajouter pour l'installation et la scénographie, mais aussi parfois comme dans certaines forme de théâtre comme celle de Peter Brook avec le « Mahabharata » en 1985 à Avignon, la prise en compte d'un lieu ou d'une architecture.
En ce qui concerne les êtres vivants, si dans la mise en scène pour le théâtre c'est à l'acteur que l'on indique un parcours et un comportement sur scène, dans la mise en espace pour la l'installation et la scénographie, c'est au spectateur à qui l'on s'adresse. On souhaite lui faire découvrir une œuvre ou un ensemble d'œuvres à travers un cheminement spatial prédéterminé. Mais là encore se superpose des intentions avec le théâtre, Ariane Mnouchkine proposant une intégration du spectateur au spectacle en lui proposant une déambulation parmi plusieurs propositions de scène. En 1964 naissait le groupe du du Soleil installé depuis 1970 dans l'ancienne cartoucherie de Vincennes .
On peut dater l'apparition de la mise en espace de l'œuvre et de la prise en compte du spectateur avec en 1923 El Lissitzky constructiviste, qui proposa la salle « proun » à Berlin. Une œuvre fragmentée, faite de peintures et de reliefs géométriques était déployée dans un espace. L'œuvre n'était pas donnée d'emblée. Le seul moyen d'appréhender totalement cette œuvre était pour le spectateur de parcourir l'espace entier. Pour certains, il s'agit là de la première installation. Plus tard dans les années 60, Robert Morris minimaliste dans ses « notes on sculptures »*(1) théorisa le fait de cette rencontre entre spectateur et sculpture. A tel point que Michael Fried (*2) critiquant le minimalisme et prônant pour sa part une manifestation instantanée de l'œuvre, c'est-à-dire que tous ses aspects soient instantanément révélés au spectateur, finit par déclarer que faire l'expérience de l'art minimal était un moment de théâtre.

3 -LA PLACE DU SPECTATEUR


Le point de vue du spectateur se déplaçant dans l'espace de l'exposition est pris comme postulat d'organisation et de construction de l'espace. En jouant sur des appels visuels et sonores, des logiques de lecture dans l'espace, la scénographie propose un plan réalisé à partir d'une écriture de cheminements arborescents et d'une construction d'espace, où lectures logiques, découvertes et expériences cohabitent avec un souci didactique.
Ce rapport culturel de l'homme à l'espace, les catégories d'espace et l'espace cognitif sont très bien analysés dans une édition de 19 71 « La dimension cachée » de Edward Twitchell Hall *(3)

4 -LECTURE ARBORESCENTE DANS L'ESPACE
Sur la base d'une trame élaborée, le jeu de la scénographie (ou de l'installation) consiste à donner au spectateur la possibilité de se construire sa propre histoire en déambulant. Ainsi il lui est permis d'accéder au sens des travaux présentés, l'organisation spatiale lui permettant même dans certains cas de faire l'analyse des œuvres. Si une chronologie doit être respectée, des points de repère feront alors office de borne, permettant au spectateur qui s'est échappé du cheminement, d'y revenir.

5 -L'EXPOSITION
Le choix peut être un accrochage mural ou une disposition au sol des plus simples. Mais parfois le propos scénographique consiste à mettre en situation, en espace des œuvres qui, comme dans la muséographie ou la présentation de travaux d'illustration ou de bandes dessinées, peuvent demander une narration, une description complémentaire, une amplification d'image, permettant de faire le point ou de mettre en évidence un ou plusieurs aspects essentiels de l'œuvre. Les choix pour cette amplification ou cette mise en évidence, part d'une connaissance approfondie de l'œuvre.
L'élaboration et la construction des éléments scénographiques sont régies par la destination : l'itinérance, l'évènement ponctuel ou la pérennité.
Si l'exposition est destinée à un évènement ponctuel, les éléments sont construits sans soucis du démontage, sans ou avec peu de récupération.
Si l'exposition est itinérante et destinée à voyager, les éléments scénographiques seront pensés sur le mode modulaire, de façon à être conditionnés dans des caisses. Ces caisses tenant compte des normes transporteur en vigueur.
Si l'exposition est pérenne, les éléments scénographiques seront construits dans des matériaux durables, sans soucis de démontage, mais avec le souci de faciliter l'accès pour le renouvellement des œuvres. Dans le cas d'une construction nouvelle, une collaboration peut aussi s'installer avec l'architecte.

6 -LECTURE DE L'ŒUVRE
Pour éviter de trahir les auteurs, la chronologie et l'histoire, l'élaboration d'une scénographie nécessite une parfaite connaissance de l'ensemble de l'œuvre des auteurs, ou des œuvres en général. Cette élaboration nécessite également d'avoir approfondi en se documentant, le cas échéant, sur les aspects ethnographiques, muséographiques, artistiques, historiques, biographiques.

7 -ECRITURE D'UNE SCENOGRAPHIE
Une scénographie comporte un aspect narratif, ou du moins décrit un déroulement dans le temps. Comme il ferait pour un film ou une pièce de théâtre, le scénographe met au point un scénario, où il met en relation les œuvres avec sa propre lecture, détermine les buts à atteindre, les divers fonctionnement et évènements et ceci du point de vue du visiteur Comme dans n'importe qu'elle œuvre incluant du temps, le découpage, le rythme, les boucles temporelles, les notions d'harmonie ou de déstabilisation volontaire, les ruptures, les provocations, le montré / Caché, le champ / hors champ, le off / le in, l'évocation ou la démonstration, sont le ciment de ce scénario spatial.

8 -LE COMMISSAIRE D'EXPOSITION
Au théâtre et au cinéma existe un producteur commanditaire, un réalisateur et un metteur en scène. Dans la scénographie c'est le commissaire d'exposition, choisi par le commanditaire, qui procède aux choix de base, organise et fait le lien entre les partenaires, les auteurs et le concepteur scénographe et se préoccupe des aspects médiatiques. Garant de l'esprit général de l'exposition, le plus souvent il est une personne spécialisée dans un des domaines particuliers de l'exposition, mais il peut être également l'artiste ou l'auteur exposé lui-même.

9 -COMMUNICATION
Une scénographie peut être vue comme un livre ouvert, dans lequel il est possible de se plonger, de s'immerger, dans le but de s'informer ou d'apprendre. Comme dans une édition livresque, des textes accompagnent cette exposition et sont mis en relation avec les images et les œuvres : Textes génériques, extraits de critiques, repères chronologiques, cartels, notice confiée aux visiteurs, etc… Cet aspect didactique de l'exposition peut être renforcé par des diffusions de documents audiovisuels et interactifs, dans lesquels l'artiste, l'auteur ou des critiques s'expriment. Une identité visuelle, une chartre graphique homogène sont élaborées s'apparentant à un travail de design graphique. Le travail de communication au sein même de l'exposition entre en résonance avec le travail de médiatisation et une collaboration avec une agence de communication peut s'installer à ce niveau.

10 -SCENOGRAPHIE ET MISE EN ŒUVRE
Ce travail s'apparentant à un travail de maître d'œuvre, il comporte un cahier des charges à respecter scrupuleusement : Contrat, délais, sécurité des personnes, adéquation des matériaux à la sécurité, contrôles et jauges de spectateurs, plan d'évacuation. Des unités de mesure, permettent de calculer les passages en les mettant en rapport avec le nombre et les dimensions des entrées et sorties. Ayant à faire à divers corps de métiers pour la construction et le montage des éléments scénographiques, des plans de construction et d'installation sont élaborés. L'installation électrique et les éclairages nécessitent un plan détaillé. Ce plan est complété par un plan d'éclairage où les sources, leur nature et leur direction sont indiquées. La sécurité quant à elle nécessite un plan particulier qui indique les sorties de secours, les méthodes d'évacuation, l'emplacement des extincteurs et des éclairages de secours.

*(1) Robert MORRIS « Notes on Sculptures». Artforum (Feb. 1966) ; « Notes onSculptures II ». Artforum (Oct 1966) ;« Notes on Sculptures III ». Artforum(Apr. 1969).

*(2)Michael Fried Extrait d'un entretien avec Catherine Millet Art Press N° 155 Fév 91 p.50

*(3) « La dimension cachée » de Edward Twitchell Hall
est un ouvrage publié au Seuil en 1971. L'original anglais est de 1966. L'auteur, anthropologue, s'intéresse aux problèmes des relations interculturelles. La "dimension cachée" dont il traite ici, est celle du territoire de tout être vivant, animal ou humain. Quatorze chapitres sur des aspects variés, chez les animaux et chez les hommes: distance, surpopulation, perception de l'espace, espace visuel, perception par l'art, anthropologie de l'espace, proxénies comparées (chez les Allemands, les Anglais et les Français, puis chez les Japonais et les Arabes), villes et cultures, etc.
Quatrième de couverture
La dimension cachée, c'est celle du territoire de tout être vivant, animal ou humain, de l'espace nécessaire à son équilibre. Mais chez l'homme, cette dimension devient culturelle. Ainsi, chaque civilisation a sa manière de concevoir les déplacements du corps, l'agencement des maisons, les conditions de la conversation, les frontières de l'intimité. Ces études comparatives jettent une lumière neuve sur la connaissance que nous pouvons avoir d'autrui et sur le danger que nous courons, dans nos cites modernes, à ignorer cette dimension cachée : peut-être est -ce moins le surpeuplement qui nous menace que la perte de notre identité.